L’hypnose un état modifié de conscience entre l’éveil et le sommeil. Dans cet état, l’attention, la réceptivité et la créativité s’intensifient. En effet, pendant que le conscient se repose et passe au second plan, notre inconscient prend le dessus. Il nous amène alors à une perception élargie, intuitive et créative. Ce qui permet d’y faire entrer facilement toute forme de suggestion.
L’hypnose est également un état naturel et spontané de l’esprit dans lequel chacun peut se trouver. C’est le cas, par exemple, quand on effectue un trajet à pied ou en voiture et que l’on arrive à destination sans avoir pris conscience du parcours. C’est également le cas lorsqu’on est « dans la lune ». Ce sont tous les instants où l’attention consciente décroche de ce qui l’environne.
Ce phénomène est aujourd’hui bien étudié par les neurosciences. Les IRM ont permis d’observer concrètement le fonctionnement cérébral propre à l’état hypnotique, différent du sommeil ou de l’état d’éveil ordinaire.
En état d’éveil, les ondes cérébrales suivent le rythme Bêta (13 à 30 hz) alors qu’en hypnose le cerveau émet des ondes Alpha α (8 à 13 hz) et Thêta θ (4 à 7 hz). Le rythme Delta Δ (0,5 à 4 hz) est associé au sommeil profond.
L’Hypnose Ericksonienne
Les suggestions sont absolument adaptées à la problématique du patient. L’hypnothérapeute accompagne son patient vers la recherche de solutions. Par exemple, si l’on compare l’hypnose à l’enseignement, la méthode traditionnelle s’apparente à un professeur qui fait un cours magistral rigide et identique quelques soient les élèves face à lui. A l’inverse, l’Hypnose Ericksonienne peut se comparer à un professeur attentif et bienveillant qui s’adaptera aux capacités de son élève en faisant un cours particulier.
Cette méthode, mise au point par Milton Erickson (psychiatre américain 1901-1980), est un véritable outil thérapeutique et pédagogique. Son approche innovante en psychothérapie repose sur la conviction que le patient possède en lui les ressources pour répondre de manière appropriée aux situations qu’il rencontre. Grâce à un travail en profondeur personnalisé, l’hypnothérapeute va aider le sujet à trouver les causes originelles de sa problématique et à puiser dans ses ressources pour déprogrammer les croyances négatives limitantes. C’est une approche de transformation vers un mieux-être profond et durable.
« Il est très important que les gens sachent que leur inconscient est plus intelligent qu’ils ne le sont. Il y a une plus grande richesse de connaissances stockées dans l’inconscient. » Milton Erickson
Pour en savoir plus sur ce sujet, écoutez l’émission du 4 janvier 2017 sur le site de France Culture.
Les autres types d’hypnose
L’hypnose de spectacle avec trucages : il s’agit de créer l’illusion (par exemple, les corps rigides qui lévitent dans le vide sont dus à des trucages). L’hypnose ne sert ici que de cadre pour emballer le tour de prestidigitation.
L’hypnose de spectacle sans trucages : L’art de l’hypnotiseur repose sur le principe de trouver, au préalable parmi les spectateurs, ceux qui sont les plus hypnotisables en faisant quelques tests de suggestibilité. Par éliminations successives, il finit par travailler avec les « meilleurs » sujets. Parfois, des acteurs, faux volontaires, se mêlent au public.
L’hypnose traditionnelle ou classique : utilisée pendant des siècles, sa particularité est d’être directive et autoritaire avec ses expressions : « Dormez, vos paupières sont lourdes… ». C’est une hypnose de suggestions directes, monotones directes et répétées. Le thérapeute est directif, en position « haute » et recherche systématiquement la transe profonde dans l’objectif d’améliorer le symptôme ou d’endormir le patient. La médecine utilise cette méthode, principalement au bloc opératoire.
Un peu d’historique sur l’Hypnose
C’est l’outil de changement le plus vieux et le plus puissant connu dans le monde. L’hypnose puise ses racines étymologiques dans le grec « Hypnos », dieu du sommeil, frère jumeau de Thanatos, la mort. On peut retracer les origines lointaines de la pratique de l’hypnose chez les guérisseurs chamaniques sur les peintures rupestres préhistoriques. En 6000 avant JC en Mésopotamie, des manuscrits révèlent les premières traces « d’états modifiés de conscience ». Sur plusieurs continents (Chine, Inde, Grèce, Égypte…), on retrouve des rites proches de l’hypnose moderne.
Naissance de l’hypnose clinique moderne
En Europe, l’hypnose a vu le jour au 18ème siècle avec le docteur allemand Franz Mesmer (1734-1815). Il traitait avec succès de nombreuses maladies en induisant chez ses patients un état de transe. Il découvrit que, conditionné au cours d’une transe profonde, un sujet blessé pouvait ne plus ressentir la moindre douleur. Ce médecin pratiqua même une amputation de la jambe sous hypnose (c’est pour dire l’efficacité!).
L’âge d’or de l’hypnose en France (1882-1892)
Cette période est marquée par les polémiques entre l’Ecole de la Salpêtrière de Jean-Martin Charcot, célèbre neurologue et académicien français (1825-1873), et l’Ecole de Nancy de Hyppolyte Bernheim, professeur de médecine (1840-1919). Cette situation se soldera en faveur de l’existence de zones cérébrales permettant des états modifiés de conscience de façon naturelle . Sigmund Freud (1856-1939), jeune médecin, est venu à Paris étudier l’hypnose auprès de Charcot. Toutefois, il préféra abandonner ces techniques pratiquées à l’époque de façon autoritaire, pour s’orienter vers la psychanalyse, thérapie longue par la parole.
Psychologue et pharmacien français, Emile Coué (1857-1926) s’intéressa particulièrement au rôle de la suggestion verbale dans le domaine médical. Il développa sa propre méthode d’autosuggestion, appelée « Méthode Coué », proche de l’autohypnose.
En 1889, le premier Congrès international de l’hypnotisme expérimental et thérapeutique se tient à l’Hôtel Dieu de Paris .
Milton Erickson révolutionne l’hypnose
Milton Erickson (1901-1980), psychiatre américain, a joué un rôle important dans le renouvellement de l’hypnose clinique. Il a consacré de nombreux travaux à l’hypnose thérapeutique.
À l’âge de 17 ans, Erickson contracte une forme grave de poliomyélite. Alors qu’il est paralysé et condamné par les médecins, il expérimente l’autohypnose. Ainsi, quelques années plus tard, il est capable de marcher avec des béquilles, puis sans béquilles l’année suivante.
Erickson est considéré comme le père des thérapies brèves (hypnose, PNL programmation neurolinguistique…). Contrairement à ses professeurs qui cherchaient des procédures d’induction universelles et directives, le psychiatre estime que l’hypnose est essentiellement personnelle et doit être adaptée à chacun. Pour lui, l’hypnose est un phénomène naturel de concentration mentale durant lequel le patient peut mobiliser des ressources inconscientes encore inexploitées.